Noire de profondeur, sur l'étang découvert,
Sous la bise soufflant balsamiquement dure
L'eau saute à petits flots, minéralement pure (Paul Verlaine)
Le Luxembourg des eaux vives ressource, purifie, vivifie, détend. Embarquement immédiat pour des rêveries le long de nos rivières enchanteresses.
Parmi les facteurs déterminant la fierté d'appartenir au territoire, il y a l'attachement profond des hommes à leurs rivières. Chaque rivière a sa magie, son charme et c'est peut-être aussi pour cela que les poètes en parlent comme de femmes, nourricières, reines, amantes ou maîtresses.
Chacune a son caractère et les plus beaux panoramas possèdent leur belvédère et parfois même un centre d'interprétation du paysage.
Rus, ris, ruisselets, ruisseaux, lacs et étangs, l'eau abonde en Luxembourg belge.
Sauvages ou maîtrisées, les rivières du Nord ou du Sud miroitent, grouillent de vie, bouillonnent sur les galets, murmurent des légendes effrayantes. Elles gardent en mémoire de tristes naufrages. Elles renvoient les bruits joyeux des jeux nautiques. Elles frémissent « au fouet » des pêcheurs à la mouche. La pureté de leurs sources donne vie à des bières rares ou à des eaux de table recommandées.
L'eau sculpte, érode, creuse, dévale. C'est à elle que l'on doit la beauté des vallées encaissées, la richesse des concrétions dans les grottes, la riche palette de paysages spectaculaires, les falaises à pic ou les promontoires rocheux.
Et chaque saison apporte ses transformations de lumières et de brumes.
Jadis et naguère, les roues des moulins ou des marteaux de forge, les bateaux à faible tirant, les passeurs d'eau profitaient de la force de leurs courants. Les eaux des ruisseaux fertilisaient les « fonds de prés ». Certaines de nos rivières ont même connu des chercheurs d’or.
Deux bassins hydrographiques fluviaux arrosent le Luxembourg belge : le Bassin de la Meuse via quatre sous-bassins et le Bassin du Rhin via un sous-bassin.
Nommons les plus importantes de nos rivières que des poètes ont chanté : Semois secrète, Ourthe mystérieuse, Aisne sauvageonne, Lesse joyeuse, Salm comtale, Sûre des Chasseurs ardennais et plus modestement leurs affluents : la Lomme, la Wamme, l'Our, la Rulles, la Vierre, la Chevratte, la Vire, le Ton, la Chiers.
Pour la Semois, parlons des points de vue remarquables de Rochehaut ou de Botassart, de Bouillon d’Arlon, de Florenville, des vallées de l'Arlune, des Forges, de la Mandrebas. Pour l'Ourthe et l'Aisne: de Heyd, de Fanzel, de Marcourt, de La Roche, de Nadrin, de Bérismenil, de Durbuy, de la vallée du Laval. Pour la Lesse et ses ponts antiques : de Wagne, de Lesse. Pour la Sûre : de Bodange....
La Semois secrète
La Semois est un affluent de la Meuse. Elle prend sa source à Arlon la Gallo-romaine, chef-lieu de notre province de Luxembourg. Sa source est très joliment aménagée. Le point exact de départ de la reine des méandres se trouve rue Sonnetty. Elle sillonne la réserve de Vance. C'est à Chiny que la Semois affronte le massif ardennais. Puis elle retrouve la Lorraine à Lacuisine. La Semois gaumaise devient fille d'Ardenne à Chassepierre, Conques et Herbeumont.
La Semois belge devient française à hauteur du village des Hautes-Rivières pour finalement se jeter dans la Meuse à Monthermé où elle abandonne son "i" pour un "y" comme Semoy.
Quand on parle de la Semois, on pense bien sûr aux superbes paysages ardennais, aux couleurs chatoyantes et changeantes des massifs forestiers, aux animaux sauvages. La Semois évoque aussi le fameux tabac de la Semois, un tabac à la réputation plus que flatteuse et à l’arôme si particulier. A l’heure actuelle, seuls quelques petits producteurs entretiennent cette tradition …
Les affluents de la Semois sont au nombre de neuf mais les deux principaux sont la Rulles à Tintigny et la Vierre à Jamoigne. Rien ne vous empêche cependant de partir à la découverte des autres confluents comme, et ce ne sont que quelques exemples, le ruisseau des Munos à Mortehan ou l’Antrogne à Conques-Herbeumont, Bouillon.
Le parcours de la Semois est long de 210 kilomètres (200 kilomètres en Belgique et 10 kilomètres en France) mais la rivière présente tellement de méandres qu’à vol d’oiseau elle ne plonge dans la Meuse française qu’à 80 kilomètres de sa source arlonnaise.
L'Ourthe mystérieuse
L'Ourthe dont le bassin s'étend jusqu'aux Hautes-Fagnes a la singularité de naître en deux branches qui se rejoignent à Engreux. Elle couvre la plus grande partie de l'Ardenne. Elle reçoit plusieurs affluents dont l'Aisne à Bomal où la rivière quitte la province de Luxembourg. Elle recueille le Néblon à Hamoir, l'Amblève à Comblain et la Vesdre à Chênée.
La vallée de l'Ourthe traverse des roches de natures différentes. Elle est étroite quand elle pénètre dans les calcaires de la Calestienne jusqu'à sculpter les grottes ou bien est large et spacieuse lorsqu'elle caresse des roches schisteuses bien plus tendres.
Le parcours de l'Ourthe est long de 165 kilomètres. La rivière est qualifiée de « navigable et flottable » même si la navigation marchande a aujourd'hui disparu. Les chemins de halage qui servaient autrefois à la navigation ont été aménagés en promenades cyclo-pédestres.
La Lesse joyeuse
La Lesse sauvageonne prend sa source à Ochamps, est ardennaise pour un tiers de son cours, et se jette dans la Meuse à Anseremme. Ses eaux bouillonnantes chutent en d'innombrables cascades..
La Lesse fait près de 100 kilomètres et n'est jamais bien large, 10 mètres tout au plus. Elle est particulièrement sauvage entre les villages de Neupont et de Lesse.
Des pêches miraculeuses
Toutes ces rivières hébergent des poissons d'eaux vives comme la truite, le chabot, la loche ou le vairon ou encore des poissons d'eaux modérées tels le goujon, le chevaine, la vandoise ou l'ombre. Les poissons d'eaux lentes sont le gardon, le barbeau, le hotu, la tanche. A Erezée, une pisciculture se spécialise dans la salmoniculture dans le but de réimplanter le saumon disparu de nos rivières dans les années 30. A deux pas de là, le carpodrome, un plan d’eau spécifique pour la pêche de la carpe à Blier.
La faune et la flore sont plus riches et plus abondantes dans les rivières calcaires que dans les rivières peu minéralisées. Une large panoplie d'animations pour une meilleure connaissance de la rivière et d’initiations à la pêche est proposée toute l'année.
Lacs et rivières sont des paradis pour les pêcheurs mais aussi des lieux de baignades de qualité. Pointons les lacs de la Vallée du Rabais, le lac de Cochibois à St-Léger, le lac de Neufchâteau, le lac de Chérapont à Gouvy ou le lac de Nisramont. Sans oublier tous les sports nautiques et même des itinéraires artistiques dans la vallée du Rabais ou de l'Aise.
Des barrages sont exploités au confluent des deux Ourthes comme à Nisramont, à Bras sur la Lhomme, à Hollange sur le Revaru. Un barrage hydroélectrique est construit à Suxy sur la Vierre, affluent de la Semois.
Depuis le début du 20ème siècle, la qualité des eaux du Luxembourg qui reflète la diversité géologique des sols, fait l'objet d'exploitation par des petites entreprises. Une entreprise plus importante est établie à Etalle, c'est l'usine Valvert.