Panneau 2: le pont saute

 Le pont saute

Installés dans la région depuis mi-mars 1940, les Chasseurs Ardennais ont préparé la destruction de tous les ponts sur la Sûre ainsi que des carrefours routiers importants. À Bodange, trois champs de mines sont établis aux endroits que l’ennemi pourrait utiliser pour contourner les destructions. Des abattis sont également préparés à Tintange.

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À 2 h 15, ordre est donné d’amorcer les destructions du pont de Bodange sur la Sûre et de celui sur la Basseille sur la route vers Wisembach. À 4 h, les destructions sont ordonnées. Les ponts de la vallée sautent successivement depuis Martelange. Le pont sur la Sûre à Bodange est détruit le matin, dès que sont recueillis les éléments avancés ayant réalisé les abattis à Tintange et la destruction du carrefour à Warnach. À 11 h 15, les derniers éléments de la 4e compagnie déployée à Martelange franchissent le pont sur la Basseille à Bodange. Le pont est ensuite détruit.

La vallée de la Sûre est tenue sous le feu à partir de positions situées plus en hauteur dans le village. Plus tard, une fois le village de Bodange pris, les Allemands seront obligés de construire un pont en bois pour faire passer leur charroi.

 

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De Ardense Jagers zijn vanaf half-maart 1940 in de streek gevestigd. Ze hebben de vernieling van alle bruggen over de Sûre en ook van de belangrijke kruispunten klaargemaakt. In Bodange leggen ze drie mijnenvelden op de plaatsen waar de vijand langs zou kunnen komen om de vernielingen te omzeilen. Bovendien worden boomvellingen in Tintange voorbereid.

Om 2 uur 15 wordt het waarschuwingsorder gegeven om de vernieling van de brug in Bodange over de Sûre en die over de Basseille (op de weg naar Wisembach) uit te voeren. Om 4 uur worden de orders gegeven om ze te vernietigen. De bruggen in de vallei vanaf Martelange zullen achtereenvolgend ontploffen. De brug over de Sûre in Bodange wordt in de voormiddag vernield, zodra de vooruitgeschoven elementen van Tintange en Warnach opgevangen worden. Om 11 uur 15 passeren de laatste elementen uit de 4de compagnie van Martelange de brug over de Basseille. De brug wordt daarna vernietigd.

Het dal van de Sûre wordt onder vuur gehouden vanaf hogere stellingen in het dorp. Later, eens Bodange veroverd is, moeten de Duitsers een houten brug bouwen voor de doorgang van hun voertuigen.

Bodange autrefois

« Bodange-sur-Sûre ne comptait que trente feux aux temps de mon enfance (Abbé Dubois 1874 - 1954). Eloigné de toute communication (la ville la plus proche est à 20 kilomètres), il se suffisait à lui-même. C’était comme une petite cité du Moyen-âge où s’étaient donné rendez-vous les principaux métiers des vieilles corporations.

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Il y avait, à Bodange-sur-Sûre, deux tanneurs, deux cordonniers, un tailleur, une modiste-couturière, un maréchal-ferrant, un charron, deux peintres-blanchisseurs, un meunier-scieur, deux tisserands, un horloger, un épicier et deux cabaretiers. Les autres étaient ou journaliers ou propriétaires terriens ou bourgeois.

L’hiver venu, chacun se révélait fabricant de balais, de corbeilles, de volettes, de mannes, de paniers, de vans et de râteaux. Chaque ménage cuisait son pain, filait son lin ou son chanvre, élevait ses bêtes de boucherie. Les plus pauvres – et ils étaient peu nombreux – achetaient en commun un bouvillon, le mettaient à l’engrais, et, aux jours de kermesse, faisaient bombance, tout comme les riches

” Vieilles choses d’Ardenne ”, Abbé Ch. Dubois

Monument de Bodange
Monument de Bodange

D'autres témoignages

La rivière, qui accourt en jabotant, de Strainchamps, vient s’étirer paresseusement au pied de la Fieltz et forme, dans le val très resserré en cet endroit, de petits gouffres que hantent, en troupeaux, barbeaux, chevennes et goujons. Un pont, fait de cette pierre d’Ardenne qui prend si rapidement la belle patine des vieilles choses, l’enjambe ; en dos d’âne, sur trois arches d’inégales hauteurs. Il mène le chemin de Warnach tout contre la colline, là où elle se casse en une noue à angle obtus. (…)

Hélas! ces beaux ponts, dont l’architecture, la patine grise et l’appareil en dalles de schiste, séparés par des joints à la chaux blanche, étaient si bien en harmonie avec le caractère rude et sévère du paysage ardennais, sautèrent dès le 10 Mai 1940. Seules les bases des piles restèrent debout. Celui de Bodange, à trois arches, datait de 1848.

” Vieilles choses d’Ardenne ”, Abbé Ch. Dubois

Pourquoi sommes-nous partis ?

« Les ponts ont sauté le 10 mai ! Des pierres sont tombées au-delà de notre maison. On retrouvait partout de grosses pierres qui avaient percé le toit de notre grange. Ça a fait un boum fantastique ! Là, maman a eu très peur. Parce que depuis la veille, on en parlait évidemment. On sentait qu’il y avait des bouleversements. Déjà, des gens se déplaçaient de Wisembach, Radelange, Martelange. Ils passaient par ici, à pied, à vélo. Ils partaient.

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Et quand le pont a sauté, maman a dit : ”On ne va pas rester ici se faire tuer !” Je me souviens qu’elle était un peu excitée. Papa était très réticent. Pour finir, il a chassé toutes les bêtes à ”la Grouff” (lieu-dit), où elles auraient à boire et à manger. Maman a dit : ”Allez,on part aussi !”

Il me semble qu’il y avait deux attelages. Sur le premier, il y avait la famille Goller. Lucien était parti pour défendre le pays. Donc, il y avait sa femme avec le bébé. Son père était sur le charriot, son très vieux papa qui ne savait presque plus marcher. J’ai l’impression que sur le deuxième charriot ça devait être mes grands-parents. Robert Holtz, sa mère qui marchait un peu difficilement et d’autres personnes étaient aussi avec nous. »

Jacqueline Zigrand, 7 ans en mai 1940